Il est temps de parler un peu de la façon dont les grecs vivent cette période. D'abord à la télévision : beaucoup de messes sont retransmises tout au long de la semaine sainte, mais le plus curieux est l'abondance de films relatant la vie du Christ, ou se situant à une époque biblique ; ils y passent tous : je ne sais combien de versions (film ou téléfilm) de la passion ont pu passer sur toutes les chaînes. Le summum a été atteint le vendredi saint où Charlton Heston se retrouvait sur une chaîne en Ben Hur et en même temps sur une autre en Moïse ("les dix commandements") ; et c'est comme ça tous les ans. Si vous comprenez l'anglais vous pourrez suivre puisque la plupart du temps les films américains sont sous-titrés.
Dans tous les villages des messes sont
célébrées tous les jours de la semaine sainte et
évidemment très suivies. Nous avons pu cette
année suivre la procession du vendredi saint . Le
temps était très froid avec un vent pas du tout
agréable et nous hésitions à aller à
l'église principale d'où devait partir le
cortège ; néanmoins nous nous décidons
tardivement et arrivons devant l'église juste au moment
où les icônes en sont sorties. Malheureusement cette
année aucun des nombreux fidèles massés sur la
petite place ne pourra allumer le cierge qu'il a amené, le
vent est trop violent. Mais la procession démarre, avec un
homme chantant dans un mégaphone les phrases qui sont reprises
par les suivants. La procession passe le long du port et le spectacle
est vraiment magnifique, beaucoup de ferveur dans la procession
où on est venu en famille et de tous les milieux ; le gros
ferry resté au port brille de toutes ses lumières et
fait entendre sa sirène tant que le cortège est devant
lui. Nous vous recommandons d'assister à cette
cérémonie si vous vous trouvez en Grèce à
ce moment. Le cortège tourne ensuite dans la ville avant de se
disperser en ramenant dans l'église de départ les
reliques promenées. Rentrés à notre hôtel
nous aurons la surprise de constater qu'il y a une chaîne de Tv
locale, puisque la procession que nous suivions est retransmise en
différé ; nous n'avions même pas vu les
caméras.
Le samedi à minuit c'est la tradition des pétards car "christos anesti" (le Christ est ressuscité) et du repas nocturne, à Naxos les pétards sont bien là. Nous ne pourrons malheureusement pas participer au spectacle des agneaux qui rôtissent le dimanche pour cause de départ. A la Tv nous verrons des reportages où nous comprendrons que le prix de l'agneau est un truc avec lequel il ne faut pas rigoler à Pâques, car tout le monde doit pouvoir rôtir le sien ; nous verrons également un entrepot où pourrissent des carcasses, conséquence d'un trafic ? Alex (de l'hôtel Glaros) nous fera participer au rite des oeufs colorés qu'on entrechoque deux fois par les deux pointes (ils sont durs je vous rassure)
Un des intérêts de Naxos réside
dans les très belles plages
au sud de Chora et nous partons
les visiter. D'abord Aghios Georgios, qui est juste en face de notre
hôtel, puis Aghios Prokopis. Assez difficile de trouver le bon
chemin car le panneau qui l'indique est tombé par terre (
c'est une habitude ? à en
juger par cet autre panneau trouvé plus loin) mais
après un demi tour nous y voilà. Une très belle
plage où il doit faire bon lézarder au soleil. A
côté de la plage une étendue d'eau, sorte de
lagune, que nous suivons en voiture par le chemin de terre pour voir
jusqu'où il conduit. Arrivé au bout c'est un cul de sac
et nous nous arrêtons ; c'est alors qu'une escadrille de
moustiques foncent sur nous à travers le toit ouvrant de la
petite Fiat. Panique à bord et furieuse bataille : ils sont
nombreux mais nous nous défendons héroiquement ;
pendant que mon épouse fait une hécatombe je
redémarre vers l'autre bout du chemin où nous nous
arrêtons pour ouvrir portes et fenêtres mais il en arrive
d'autres ! Moralité : méfiez vous et ne vous
écartez pas de la plage, l'étendue d'eau toute proche a
des habitants affamés. Mon épouse en sera victime, mais
avec une seule piqüre alors que les pertes côté
moustiques seront nombreuses.
Nous descendons ensuite vers Aghia Anna et Plaka. C'est une petite
route en terre très praticable qui suit le littoral tout au
long des plages qui sont très belles et complètement
désertes en cette saison. En face de la mer des constructions
vides (bars, restaurants, chambres) qui doivent être remplies
en saison. Nous voulons ensuite descendre vers Mikri Vigla, mais le
chemin côtier s'est brusquement effondré du fait des
récentes pluies torrentielles et la rue qui remonte vers le
"centre" de Plaka est une piscine : impossible de passer. Nous devons
donc rebrousser chemin mais comme nous avons de la suite dans les
idées nous prenons l'autre route qui permet d'y aller à
partir d'Aghia Anna. Dans ce secteur un conseil : ne vous aventurez
surtout pas dans le village d'Aghios Arsenios en voiture ! J'ai la
mauvaise idée de le faire plutôt que de prendre la route
qui le contourne et c'est tout juste si la Fiat Seicento passe dans
les ruelles minuscules ; avec une voiture plus large c'était
la marche arrière assurée. A un croisement comme nous
cherchons notre chemin, un grec barbu et chevelu "avec une gueule de
pâtre grec" comme dirait Georges nous accoste : il fait du stop
et veut aller à Alykos ; comme c'est notre route il prend
place dans la Fiat avec dans le petit coffre sa pioche et son sac
rempli de cailloux ; que fait-il avec ? Mystère car il ne
parle pas un mot d'anglais et mon grec est trop limité ; nous
le laisserons près de Mikri Vigla : encore une très
belle plage avec des couleurs superbes pour la mer. Nous ne
descendrons pas plus au sud car nous avons eu notre dose de belles
plages pour la journée. Pour en avoir un aperçu,
cliquez sur le lien situé plus haut.
L'autre intérêt de Naxos est de
pouvoir retrouver des paysages de montagne
, car ça grimpe quand même jusqu'à
997 m (mont Koronos). Nous partons donc cette fois vers le nord. Si
vous voulez aller voir le monastère moni Chrisostomou faites
bien attention car la route qui y mène est toute petite et le
panneau indicateur également ; c'est une petite route à
droite à la sortie de Chora. Extérieurement le
monastère n'a aucun intérêt (bâti
très récemment) mais la vue
sur la baie de Chora vaut le coup et nous nous
arrêtons sur un petit parking pour en profiter. En continuant
vers Galini un triste spectacle : des dizaines de sacs plastiques
échappés d'une petite décharge à cause
des vents violents, qui se sont éparpillés dans le
paysage. J'espère que pour vous ils auront été
ramassés ; les sacs plastiques : un des effets les plus
pervers de la pollution, j'ai vu les mêmes sur les plages de
Bali. En montant vers le nord on contourne un lac artificiel,
réserve d'eau pour l'été (cette année les
sources sont pleines, il est tombé l'équivalent de 4
années). La route serpente avec de belles vues sur les criques
jusqu'à Appolonas
. Nous nous
arrêtons dans ce petit village pour aller prendre le jus
d'orange (2,5 euros) traditionnel en terrasse face à la mer au
captain Michalis ; pas mal de grecs mais pas de touristes ce matin
là. Le village est très agréable et la mer est
forte.
La route qui descend vers le centre de Naxos est très
intéressante ; elle présente des paysages superbes de
montagne avec des vues sur la mer et nous vous recommandons de la
suivre d'Appolonas jusqu'à Aperanthos. Nous nous
arrêterons souvent pour profiter de la vue . Un point négatif, cette
route a été très endommagée par les
pluies et est souvent réduite à une seul petite voie ;
parfois des cailloux, parfois des blocs énormes
dévalés des montagnes, ou encore une
route complétement recouverte par
la terre qui a suivi les pluies. J'espère que les routes
seront refaites pour votre séjour, mais il y a beaucoup
à faire ! Si vous allez à Filoti, surtout ne prenez pas
la route pour aller à la tour d'Himarou (Himaros tower). Cette
route superbe entièrement refaite à neuf ne conduit
à aucun village ; tout juste quelques maisons par ci par
là et au bout d'une route interminable (13 km) de montagne on
arrive à la fameuse tour qu'on ne peut approcher car elle est
entourée d'une clôture ! La tour est en réfection
et on pourra peut être un jour y accéder mais en
attendant allez donc voir ailleurs contrairement à ce que dit
le GDR. Il y a d'ailleurs plusieurs autres tours du même style
sur l'île. Curieux quand même qu'on ait construit cette
route, qui est d'ailleurs quasiment la seule dans cette partie (sud
est) de l'île. On peut croiser à Naxos des habitants sur
un moyen de locomotion tout terrain qui consomme très peu
(voir photo en bas à droite).
A Chalki nous visitons la distillerie qui produit une liqueur
à bas de citrus (c'est une sorte de citron de la taille d'un
pamplemousse) vendue dans tous les magasins de Chora. Pour la trouver
n'hésitez pas à entrer dans le village car celle-ci est
petite et mal indiquée. Le guide est jeune, sympathique et
nous commente la visite (très courte) en anglais. La "machine"
date de plus de cent ans tout comme la fabrique et tous les ans un
expert du ministère de la santé vient contrôler
qu'elle est toujours en état. C'est toujours la même
depuis plus d'un siècle. Nous avons droit à la
dégustation ; trois types de liqueur avec trois degrés
différents, de la verte (la plus légère)
à la jaune (la plus forte) , en passant par la blanche (le
juste milieu). Pour notre part nous préférons la
blanche et nous ne repartirons pas sans notre bouteille bien
sur.
Il se fera par avion de Naxos à Athènes. Si l'aèrodrome de Santorin est petit celui de Naxos l'est encore plus. En cette saison un avion par jour (un petit ATR). Pas de système informatique pour l'embarquement mais un bon vieux ticket cartonné. Le bâtiment est tout petit et mal conçu : quand vous poussez la porte d'entrée vous bousculez les personnes en train d'enregistrer qui sont juste à droite sur le trajet de la porte. Les bureaux font penser à un vieux commissariat. Mais le personnel est aimable et l'avion partira à l'heure ! C'est ça l'avantage d'un petit aèroport.
Nous aurons donc le temps de faire quelques achats à Eleftherios Venizelos d'autant que bien entendu le vol au départ d'Athènes aura le retard traditionnel. On remarque au départ d'Athènes, dans l'avion et jusqu'à Roissy la psychose provoquée par l'épidémie partie du sud est asiatique : trois ou quatre passagers voyageant en groupe feront tout le voyage avec un masque chirurgical sur le visage, alors que le danger en Grèce semble vraiment peu évident !
Evidemment au départ de Naxos et de la Grèce le temps est magnifique : soleil sans nuage, le vent est tombé. Et nous arrivons en france sous un ciel gris et nuageux avec quelques degrés de moins ; pas de chance ...